Journal de Martinique (19/01/09)

Publié le par Rodolphe

Trois journées se sont écoulées depuis que je n'ai écrit. Trois journées à la fois denses et étranges, belles et rudes, au moins en ce qui me concerne. Le changement radical de climat et de conditionnement, sans parler du fuseau horaire, m'impose un rythme intérieur qui tient à la fois de la libération joyeuse et du douloureux écartèlement. J'ai rarement à ce point ressenti la nécessité de lâcher prise, de déposer là mes concepts, y compris les plus élevés (qui sont sans doutes les plus erronnés), pour simplement être et accueillir ce qui est. La fatigue aidant, quelques tensions se font sentir dans le groupe, rien de bien sérieux mais cela accroît les ressentis pénibles. Pourtant je me sens bien, comme si je disposais ici de plus de lumière, de sécurité et d'espace pour accomplir le travail intérieur d'ouverture qui est le mien.
Le concert de samedi soir a été un succès, pourtant ce n'était pas gagné d'avance. L'artiste qui nous précédait, et que tout le monde ici encense, non contente de venir nous chercher des histoires durant les balances, a surtout fait fuir la moitié des festivaliers. Nous avons donc joué devant moins de monde que nous l'aurions souhaité, cependant le public a rapidement adhéré et s'est méchamment emballé vers la fin. Il faut dire que nous avons maintenu la pression avec un set bien rock'n'roll et plutôt carré. L'inévitable coupure de courant fut au rendez-vous, mais ça devient tellement habituel que maintenant c'est plutôt lorsqu'elle n'a pas lieu que nous sommes surpris. Enfin, ce fut l'occasion de montrer que quelques soient les circonstances les Dandy-Freaks ne lâchent jamais l'affaire, gagnant au passage la sympathie des plus dubitatifs. De toutes façons, jouant au pieds d'un volcan, il eut été inconvenant de fuir la queue entre les jambes à la première panne. Nous nous devions d'être telluriques. Nous le fûmes.
Dimanche entre plage -nous sommes retournés sur notre crique préhistorique- et festival. Je suis particulièrement impressionné et ému par le concert d'Ymelda. Je me dis que je devrais me familiariser d'avantage avec la musique haïtienne : il y a dans tout ce que j'ai pu entendre venant de là-bas, quelque chose d'élémental, touchant à la fois à l'humain et au sacré, qui me rejoint vraiment. Le vent, l'eau, la terre, les hommes, un même feu.
Lundi sur la route : distillerie Neisson, puis traversée de la zone montagneuse couverte de forêt, le centre de l'île. Particulièrement impressionnant. Nous sommes arrivés ce soir au Marin, dans le sud de l'île, où nous sommes logés par Sophie et Olivier qui nous avaient accueillis au Festival des Sens en 2007. Je dors sur un voilier et j'ai aménagé ma cabine, un peu rustique et sommaire, en la décorant des bouteilles, épices et coquilles que j'ai ramenés du nord. Carribean touch...
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V
Hello RoODOo...Me suis fait Tagué par MO...Et je dois trouver des victimes...Désolé c'est tombé sur toi !
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